[Moment Lecture] Kasane : tomes 1 & 2
Bonjour à toutes et tous !
Nous nous retrouvons pour un nouveau Moment Lecture !
Celui-ci concernera le manga Kasane de Gou Tanabe publié en France chez Kana. C’est une série terminée en 2 tomes, aussi cet avis sera de nouveau sur deux tomes (et donc l’ensemble de l’histoire). Attention, cela n’a rien à voir avec la série Kasane – La voleuse de visage qui, elle, est réalisée par Matsuura Daruma.
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Kasane – tome 1.
Une ambiance bien particulière.
Il semble important pour commencer de bien signaler que ce manga n’est pas accessible à tous les publics. Il ne plaira d’ailleurs certainement pas à tout le monde. Son style graphique, son ambiance sombre, ses dessins plutôt réalistes… un quelque chose qui sort de l’ordinaire. Nous retrouvons ici une oeuvre mature, qui recherche certainement un public adulte et bien ancré dans le monde du manga.
Avec Kasane, ce sont presque tous nos sens qui sont appelés à être en alerte. Le format est d’abord plus grand que les mangas disponibles habituellement chez Kana. On se rapproche plus de ce que propose normalement l’éditeur Ki-Oon. Le toucher est le premier sens que nous mettons en action. Particulièrement avec le premier tome. Le grain de papier, pour la couverture, bien particulier et légèrement rugueux intrigue. Seul le titre “Kasane” reste lisse. À peine tient-on le livre dans ses mains que l’on sait déjà que l’on entre dans un univers à part.
C’est ensuite notre vue qui est mise à contribution. En effet, toujours au niveau des couvertures, elles reflètent à la perfection la lecture qui nous attend. Des couleurs à la fois sombres et fondues mais aussi bien tranchées. Les dessins des deux personnages principaux sont inquiétants et laissent bien présager de l’aventure qui nous attend. Puis, on ouvre le livre et on est immédiatement pris par une forte odeur d’encre, légèrement âcre. Cela pourra en déranger certains. Ça n’a pas été mon cas. Ça m’a plutôt permis de me plonger encore davantage dans cette ambiance sombre et oppressante à venir.
Les dessins de l’auteur se veulent plutôt réalistes, exit donc les grands yeux brillants ; pas non plus de fan service, ce qui n’enlève pas les femmes dénudées à l’histoire. En plus des personnages, et actions en cours, l’accent est souvent mis sur les arrières plans comme les habitations autour, le mobilier ou les objets du quotidien… Tout cela contribue à la construction de cette ambiance bien particulière. Les planches sont sombres, au sens figuré comme au propre. Evidemment, c’est un manga en noir et blanc, donc cela aide. Mais on note beaucoup de gris et de noir, même pour les visages. L’auteur assombrit son environnement comme ses personnages au fur et à mesure de l’histoire. Ce fait est encore plus marqué avec le second tome.
Une histoire sombre.
Ici, des thèmes tels que le sexe, le viol, le meurtre, les fantômes, la trahison, la jalousie… sont abordés. Rien de joyeux en perspective, peut-être vaut-il mieux être dans de bonnes dispositions avant de commencer Kasane. Après, la surprise n’est clairement pas à ce niveau. Personne ne s’attend à un happy end de toute façon. Si l’on achète Kasane, au moins à ce niveau on sait à quoi s’en tenir.
En effet, on m’a vendu ce manga comme étant une reprise de l’histoire de Kasane. Pour ceux qui ne connaîtraient pas un très rapide rappel : Durant l’époque d’Edo, une femme nommée Ryu (qui se lit également Kasane) se fait assassiner par son mari. Son esprit cherche alors à se venger en hantant l’homme et en tuant toutes les futures épouses. Autant dire que ce n’est pas avec le premier tome que l’on comprend le titre du manga.
Notre histoire se déroule bien durant l’époque d’Edo (1603 – 1868), où nous suivons un jeune homme de 21 ans, du nom de Shinkichi. Il vit chez son oncle et ne fait pas grand chose de sa vie. Il décide finalement d’aller faire le tour de la ville pour vendre le tabac de son oncle. C’est ainsi qu’il rencontre un groupe d’hommes qui lui proposent de vendre son tabac auprès d’une maîtresse de musique respectée, Mme Toyoshiga. Cette dernière finit par employer le garçon à son service, en tant qu’homme à tout faire. Shinkichi va donc faire partie de la maisonnée et vivre avec la dame. Les deux protagonistes finissent par se rapprocher, émotionnellement comme charnellement.
Si d’apparence tout semble correct, quelque chose perturbe tout de même le jeune homme. Il commence à ressentir d’étranges présences au sein de l’habitation et les gens parlent même d’apparitions suspectes… D’un autre côté, une élève de la maîtresse de musique fait son apparition, O-Hisa. La jeune fille qui est jolie, douce et agréable entre rapidement dans le collimateur de Mme Toyoshiga qui voit d’un très mauvais œil son rapprochement avec Shinkichi. Une jalousie dévorante s’empare de la dame. Et plus elle enrage, plus cela se reflète sur elle, physiquement.
Nous assistons dans ce premier tome à un savant mélange de vivants et fantômes, d’intrigue et de mystère. Dans un monde où les femmes sont habituellement soumises aux hommes, ici Mme Toyoshiga est clairement en position de dominance. Mais tout déchante lorsqu’elle perd le contrôle, sur elle-même…
Kasane – tome 2.
De l’amour à la déraison…
Ce second tome nous apporte tous les éléments laissés en suspens dans le premier. Evidemment, tout n’est pas offert sur un plateau d’argent et il faut laisser se dérouler les événements pour comprendre le déroulé des actions. On en apprend d’abord davantage sur le passé traumatique de Mme Toyoshiga. Mais dans ce tome plus que jamais, la distinction entre les vivants et les morts est mince. Les fantômes envahissent et oppressent sans même faire acte de présence, parfois. Une vraie guerre psychologique s’engage pour Shinkichi qui n’y voit plus très clair et à l’instar de sa maîtresse perd également les pédales.
C’est plus tard dans ce tome que nous comprendrons pourquoi l’auteur a ainsi choisi Kasane comme titre, et le rapport que les deux histoires peuvent avoir. Là était ma surprise, alors je ne vais pas énormément développer pour conserver un certain suspens aux lecteurs potentiels. Je n’ai pas eu l’histoire de vengeance classique à laquelle je m’attendais au tout début. Gou Tanabe a réussi à exploiter ça d’une manière intéressante. Par contre, une fois que l’on comprend les tenants et aboutissants, la fin “coule de source” si l’on peut dire, et on la voit venir. Ce qui n’empêchera pas les fans d’horreur de passer un bon moment en lisant Kasane.
Pour conclure…
Si les fantômes ont une part très importantes dans cette histoire, on se rend également compte que les légendes et superstitions sont aussi un point important de Kasane. L’auteur joue avec nous, en nous révélant un monde où les esprits inquiètent et où les rumeurs finissent d’embrouiller notre réflexion.
Le manga se termine de façon très abrupte. Une scène et tout est bouclé. Pourtant, je trouve la planche finale magnifique. Je vous laisserai la découvrir par vous-même car elle résume bien le résultat de tous les événements et la fin du manga.
Kasane est donc pour moi une bonne série courte. Elle apporte son lot de mystères et les révélations qui vont avec. Même si au départ je m’attendais clairement à autre chose, je ne peux pas dire que j’ai été déçue pour autant. L’horreur n’est à la base pas mon type de mangas de prédilection, mais l’histoire se tient, les personnages sont intéressants, l’ambiance est prenante. Les adeptes du genre y trouveront sûrement leur compte mais également les moins aguerris. Ce n’est pas difficile à lire. Si l’on passe les thèmes assez violents qui sont abordés, pour le public adapté, tout est facilement compréhensible.