[Moment Lecture] Eclat(s) d’âme : tome 3

Bonjour à toutes & tous.

Nous nous retrouvons pour un nouveau Moment Lecture !

 

Cette fois-ci nous parlerons d’un manga que j’apprécie particulièrement. Il s’agit d’Eclat(s) d’âme de Yuhki Kamatani, une vraie petite perle publiée chez Akata.

Pour retrouver toutes les infos pratiques sur Éclat(s) d’âme, rendez-vous sur la fiche du forum !

 

Éclat(s) d’âme – tome 3.

 

Pour commencer, comme l’avis sur Éclat(s) d’âme commence directement par le tome 3 et qu’il n’y en a pas eu sur les deux premiers, je vais simplement faire un petit rappel ; au cas où vous n’ayez pas encore commencé la série.

 

Deux jours avant les vacances d’été, Tasuku se fait prendre en train de regarder du porno gay sur son téléphone par des camarades de classe. La rumeur se propage rapidement au sein du lycée et ne pouvant supporter davantage le regard des autres sur lui, Tasuku décide de mettre fin à ses jours. Alors qu’il est sur le point de faire le grand saut, une femme lui emboîte le pas.  Il se précipite pour voir si elle n’est pas blessée, et trouve une femme en parfaite santé. Hôte d’une association un peu particulière, elle l’invite à découvrir son univers où chacun, quelles que soient ses différences, peut trouver sa place…

Le premier tome d’Éclat(s) d’âme nous introduit l’histoire, les différents membres de l’association (très rapidement), cette mystérieuse hôte également. On se penche sur le mal-être de Tasuku et on découvre également Haruko plus en détails. Dans le deuxième tome, c’est au tour de Misora d’être développé(e), tandis que Tasuku ne sait plus trop où il en est.

Ce qu’il y a de très intéressant pour le moment, c’est qu’il n’y a pas besoin d’aimer le yaoi/shonen-ai pour apprécier ce manga. Il est d’ailleurs classifié dans les seinen. On assiste à une réelle introspective des personnages, qui font face à leurs peurs, aux préjugés… Si Éclat(s) d’âme a un côté très réaliste, on retrouve tout de même une bonne part de fantastique (assez détonante & étonnante d’ailleurs). Pourtant l’auteure arrive à mixer tout ça de mieux en mieux.

 

Des personnages plus complexes qu’il n’y parait.

Et finalement nous arrivons à ce troisième tome qui, je dirais, est celui que j’ai le plus apprécié des trois. C’est au tour d’Utsumi d’être sous les feux des projecteurs. Il était resté très discret dans les précédents tomes, à tel point qu’on se demandait si lui et le petit papy n’avaient pas été oubliés. Mais l’auteure prend son temps pour présenter tout le monde, et à présent je n’ai plus de doute concernant la suite. La mangaka finit toujours par répondre à mes attentes quelles qu’elles soient. Elle crée une certaine complexité dans ses différents personnages, avec chacun sa personnalité, ses soucis, ses interrogations. On ne traite pas juste de l’homosexualité telle qu’elle, mais on aborde les différentes facettes que cela peut présenter. Utsumi est un personnage de nature plutôt tranquille, qui encaisse calmement et prend sur lui. On sait désormais qui il est, mais il est vrai qu’on ne sait pas réellement ce qu’il souhaite, à part peut-être vivre sa vie tranquillement.

Mais dans ce tome, on commence surtout à en savoir plus sur un autre personnage. Un qui nous turlupine depuis quelques temps : Tsubaki, le crush de Tasuku. Si ce dernier commence réellement à s’accepter tel qu’il est, il se pose encore beaucoup de questions. Et certaines concernent bien évidemment Tsubaki. Parce que c’est bien beau d’apprécier une personne, mais quand on ne sait pas ce qu’il en est en retour, ce n’est pas facile… On ne sait pas réellement ce qu’il pense, ce qu’il sait de Tasuku, ce qu’il accepte, ce qu’il fait semblant de ne pas voir, etc. Le petit Tsubaki nous apparaît d’abord assez enjoué et ouvert, un peu comme on peut l’attendre dans un shonen-ai classique : les deux personnages s’entendent, se rapprochent et finissent ensemble. Pourtant, on voit très vite que le personnage est plus complexe que cela. Accepter les autres, s’accepter soi-même, il est toujours question de cela dans Éclat(s) d’âme. Le garçon ne déroge pas à la règle, il a lui aussi un côté très contradictoire et est loin d’être parfait. On ne sait pas ce qu’il veut, lui-même sûrement ne le sait pas. Il a un côté bien plus humain que ce à quoi je m’attendais, et n’est pas non plus idéalisé comme souvent ce genre de personnage l’est.

 

On peut blesser même en voulant faire le bien.

S’il y a bien une chose que ce tome nous apprend, c’est que même les bonnes intentions peuvent blesser. On commence à le voir dans le tome 2, sans comprendre vraiment ce qui arrive à Misora, mais on le comprend amplement ici avec Utsumi. Ce tome 3 est bourré de bien-pensance, de petites remarques qui à priori n’ont l’air de rien, qui ne veulent pas blesser mais qui, pour les concernés et à répétition, heurtent terriblement. Je trouve que Yuhki Kamatani dépeint à la perfection l’ignorance du badaud lambda dans ce tome. Ils se pensent réellement ouverts d’esprit, les “on t’accepte tel que tu es” pleuvent mais… jamais une seule fois le mot “homosexuel”, “transsexuel” ou n’importe quel autre du genre n’est prononcé par ces personnes. On désigne des “eux”, “ces gens”, on parle de “penchants particuliers”. Mais voilà, jamais on n’appelle un chat un chat. À la limite, “pédé” ressort, comme insulte. Ces personnages là pour montrer les choses “acceptent” tant que ça ne les touche pas directement, et veillent à maintenir une bonne distance émotionnellement. Ils imposent leur bonne volonté jusqu’à mettre mal à l’aise. On voit ainsi clairement tous les préjugés qui ont encore la vie dure, même de nos jours.

Éclat(s) d’âme, dans chacune de ses pages est un appel à la tolérance. On nous amène doucement à réaliser l’état des choses à travers divers personnages et à travers les yeux de Tasuku. Il se pose beaucoup de questions, sur les autres, sur lui-même. Vaut-il mieux s’exprimer ? Vaut-il mieux garder pour lui ce qu’il ressent ? À travers ses rencontres, Tasuku avance et évolue. Les choses changent énormément dans ce volume, grâce aux expériences et témoignages des autres personnages. On comprend réellement le complexité des rapports humains et de la vie (matérialisée par un bateau). On voudrait que tout le monde s’aime, tout le monde s’accepte mais ce n’est pas possible. Les gens sont différents, et c’est ainsi.

D’ailleurs, l’auteure a des mots très justes à ce sujet : “puisque nous sommes tous à bord du même bateau, il faut parfois briser le silence. Tant pis si on n’arrive pas tous à se comprendre… Ce qui compte c’est que chacun puisse trouver sa place dans le monde“. Et j’ai trouvé cela très vrai. On n’a pas besoin de l’approbation des uns et des autres pour avancer. Avant tout, il faut être en accord avec soi-même.

 

Pour conclure…

C’est encore un très bon tome que nous propose Yuhki Kamatani. Je suis littéralement sous le charme de ce manga qui entre, avec ce troisième tome, dans mes séries fétiches. C’est réellement un pur calvaire que de devoir attendre la suite, surtout vu comment se termine le livre… Les envies sont contradictoires, tantôt on aime les personnages, tantôt on veut leur mettre des gifles, mais on veut continuer de les voir évoluer. Ajouter à tout cela une part de fantastique cela rend un tout très original et parfaitement amené.

Ma seule petite remarque ici sera sur un plan visuel : j’ai eu du mal parfois (hormis grâce aux vêtement) à différencier Tsubaki d’Utsumi. Les deux personnages se ressemblent assez dans leurs coupes de cheveux et formes de visage. Pas de quoi rendre le lecteur confus non plus, mais tout  de même.

Alors, vous vous laissez tenter ?