10 Bonnes Raisons de vous convaincre – 「Space Pirate Captain Harlock (Uchuu Kaizoku Captain Harlock)」par Mmey
_ Ce programme a pour but de mettre en avant le titre préféré des membres de la communauté de Manga-Fan, en 10 points soigneusement développés (5 pour les exceptions).
1. L’humanité perdue
Il y a longtemps, très longtemps, dans un futur lointain, les êtres humains ont sombré dans la paresse et l’oisiveté. Le gros de la population est perpétuellement scotché devant l’écran de son téléviseur ; les rues sont désertes, arpentées seulement par quelques miséreux et autres chiens errants. Au gouvernement, les choses ne sont pas mieux ; les dirigeants se fichent obstinément de toutes les affaires censées les concerner (comme la sécurité du pays, par exemple), et à la place, passent le temps en toutes sortes de divertissement. Si bien que lorsqu’une mystérieuse sphère noire s’écrase sur Terre, aucun ne prête attention aux “alarmistes” pointant du doigt une potentiel invasion extraterrestre… Vous l’aurez compris, c’est un monde dystopique qui nous est ici dépeint. Les auteurs ne sont tendre ni avec le gouvernement, ni avec l’armée, ni avec l’humanité en général d’ailleurs, qui n’a rien fait, et c’est bien ce qu’on lui reproche !
Mais heureusement, au dessus de ces cagnards, s’élèvent des femmes et des hommes vivant libres, sous la bannière des pirates…
2. Nous sommes les pirates
Trêve de bavardages inutiles, il est temps d’embarquer. Après un événement tragique, une intervention badass du Capitaine et un petit pitch sur « Si tu es un homme embarque sur mon vaisseau et bats-toi pour ce en quoi tu crois » (toujours dans cet ordre. Attention, cela dit, le pitch est susceptible d’être différent si vous êtes une femme), vous voilà heureux membre de l’équipage du vaisseau pirate. À bord, vous constaterez rapidement que le capitaine applique le « chacun fait ce qu’il veut », ce qui est un beau principe philosophique, mais dans la pratique fout le bordel, pour parler grossièrement. Il faudra bien faire attention à où vous marchez, aux ovnis (objets volants (dans votre direction) non identifiés), ce qui inclut, bien sûr, les lancés de couteaux intempestifs de la cuisinière qui poursuit le chat (ou l’oiseau, ou les deux). Cela dit, attention, la première impression n’est pas toujours la bonne ! Vous pourrez en effet toujours compter sur vos compagnons car bien qu’ils soient incroyablement dispersés et bordéliques, lorsque l’alarme du combat retentit, chacun trouve sa place et son utilité dans un mouvement si efficace qu’il en ferait pâlir n’importe quelle armée. En résumé, vos compagnons sont un peu particuliers (et un peu complètement cinglés), mais c’est cela qui les rend intéressants et uniques. Et pas d’inquiétude ; chacun de ces protagonistes singuliers aura droit à son épisode de développement personnel (pour les principaux).
3. L’Arcadia
«…monte à bord de ce vaisseau, il n’y a qu’ici que tu retrouveras tes rêves perdus…»
Alors, pour être tout à fait honnête, je ne devais pas y consacrer une partie entière, mais à un moment ou à un autre, il va quand même falloir que je vous parle du plus beau vaisseau de l’univers. Plus tôt, nous parlions d’univers dystopique. Le sens de “dystopie” est ici très important ; en effet, le sens premier de ce mot fait référence au contraire d’une utopie. Pas étonnant de trouver alors, à l’opposé de la Terre, un vaisseau portant le nom d’une utopie : l’Arcadia. Qui fait donc référence à l’Arcadie grecque, supposée terre idyllique, ou encore à l’Atlantide, dont le vaisseau tire son nom dans la VF (Atlantis). C’est à la fois un allié et un ami, portant secours de son propre chef ; un lieu d’habitation où trouver refuge ; mais aussi une arme de destruction massive. En 2977 l’Arcadia se trouve être supérieur à la plupart des vaisseaux qu’il peut croiser. En d’autre terme, il sera difficile de lui tenir tête en puissance pure. Quand le vaisseau pirate ne combat pas, il parcourt sereinement l’espace intersidéral à la recherche des rêves perdus de l’humanité. Une aura mystérieuse l’entoure, et beaucoup de choses se murmurent à son sujet. Certains racontent qu’il est hanté, d’autre que son concepteur, ingénieur de génie lui a donné son âme… ou bien est-ce seulement le reflet de la folie de son Capitaine ?
4. On l’appelle Captain Harlock
Le voilà, mesdames, messieurs, l’Argument, avec un A majuscule, celui que l’on brandit en criant « shut up and take my money ». Si l’on tient compte de la chronologie biscornue de l’univers de M. Matsumoto, on est ici face à un “vieux” Harlock (à l’âge canonique de 27 ans, estimation). Le moins que l’on puisse dire, c’est que le capitaine pirate est un homme étrange et intrigant à bien des égards, si bien que si vous me demandiez « mais qu’a t-il de si spécial ? » (et si six scies scient six cyprès, six cent six scies scient six cent six cyprès), j’aurais bien du mal à vous répondre, tant cette réponse va dépendre… de vous. Parce que, ce que j’ai appris au fil des années, c’est qu’il n’y a pas un Harlock, il y en a autant qu’il y a de spectateur ; vous souhaitez le voir comme un preux chevalier ? Un criminel sans foi ni loi, à la gâchette facile ? Un psychopathe ? Un type borné qui prend son cas pour une généralité ? Un anarchiste ? Un capitaine aux commandes d’un vaisseau surpuissant, ne vivant que pour le combat ? Un dépressif au bout du rouleau ? Un loup solitaire, une âme égarée dans l’infini de l’espace ?
Quelle image d’Harlock vous marquera ?
5. Les femmes qui brûlent comme du papier
S’il est un épisode marquant – je dirais même LE plus marquant – c’est bien celui de la découverte de la naissance des ennemies. Et d’ailleurs, heureusement que je ne l’ai pas vu étant enfant, parce que j’en aurais fait des cauchemars pendant longtemps. Oui, j’ai écris ennemies parce que ce sont des femmes, fait assez exceptionnel pour être souligné (rapport à l’époque de sortie de l’anime). Elles nous sont d’emblée présentées comme des adversaires déterminées et redoutables. Et ont la curieuse propriété de brûler comme du papier lorsqu’elles meurent. Pourquoi ? Comment ? D’où viennent-elles et pourquoi cherchent-elles à envahir la Terre ? La réponse à cette question pourrait remettre en cause les origines de la vie elle-même… Les recherches et les découvertes qui vous seront exposées au long de l’anime sont passionnantes, et nous n’aurons jamais toutes les réponses, ce qui laisse le champs libre à plusieurs interprétations et c’est tant mieux (à moins que vous ne fassiez partie de ces gens bizarres qui veulent des réponses à toutes leurs questions ?)
6. Guerre des étoiles
Mais on parle, on parle, d’un univers dystopique, d’un équipage de cinglés, d’un capitaine psychopathe et de combustions spontanées, mais nous, on veut voir un peu d’action ! Des combats spatiaux, en veux tu en voilà. Face à face, un vaisseau de guerre inégalable, et une flotte de vaisseaux aliens organisée. Des deux côtés, la rage de vaincre. Quelle approche préférerez-vous ? La stratégie savamment orchestrée ? Le bon vieux « je fonce dans le tas » ? L’éperonnage (avec une gigantesque lame à l’avant du vaisseau pirate, sinon où est le fun) ? L’abordage ? Mais peut-être êtes-vous un grand fana d’explosion ? Et peut-être trouvez-vous tout cela hilarant ? Peut-être pensez-vous que les belligérants s’amusent ? Tout un peuple perdu dans l’espace, dont la seule chance de survie pourrait être de gagner la planète bleue, face à un vaisseau de paria, bien déterminé à ne pas laisser ces aliens conquérir leur planète ? Qui est dans son droit ? Ce n’est pas un jeu, c’est la guerre. Dans chaque camp des décisions difficiles et éthiquement ambiguës vont devoir être prises, des sacrifices consentis, et lorsque sonnera le glas, on ne pourra que se demander si Churchill avait raison en disant : « la victoire à tout prix »…
7. Un air nostalgique
« Il y a très longtemps, il y avait des fleurs… »
Nous allons maintenant parler d’un aspect qu’il est difficile de manquer : la nostalgie. Si j’ai bien fait mon boulot, vous devriez avoir arrêté de sourire maintenant (sauf bien sûr, si jusqu’ici, vous n’avez fait que soupirer devant mon humour navrant). L’ambiance est à la mélancolie, et les histoires tragiques succèdent aux histoires tragiques. Ce n’est pas que l’anime soit fataliste ou tire-larmes ; c’est seulement cette tristesse étrange que l’on ressent lorsque l’on se souvient de jours particulièrement heureux. Comme lorsqu’on est adulte, et que l’on sait que notre enfance ne reviendra jamais. C’est triste, mais c’est la vie. Les histoires qui parcourent le récit sont tragiques, mais jamais excessivement, juste ce qu’il faut pour être touchantes (parce qu’elles se finissent souvent (mais pas toujours) sur une touche d’espoir, ou une promesse de renouveau). Donc, non, ce n’est clairement pas le genre d’anime à regarder lorsque l’on est dépressif. Mais tous ceux qui comme moi aiment les ambiances sombres et mélancoliques y trouveront leur bonheur.
8. Animation traditionnelle
Vous et moi, il va falloir qu’on parle. D’un détail. Trois fois rien. Alors, voilà… oui, l’anime vient de fêter ses 40 ans. Stop ! Je vous vois, oui vous, derrière votre écran, vous exclamant : « mais, c’est vieux ! ». Bravo, vraiment, c’est finement observé. Oui, 40 ans, c’est vieux (pour un anime, entendons-nous bien). Alors, on va pas se mentir, ça va brûler (les yeux). Et je déconseille fortement aux épileptiques de regarder cet anime. Non, sans plaisanteries, ne regardez pas si vous avez une quelconque sensibilité aux flashes de lumière rapide. Parce que les explosions sont impossibles à regarder sans cligner des yeux. Mais à part ça, l’animation est très correcte (alors oui, on retrouve un certain nombre de plans réutilisés et de ce que j’appelle “fausse animation” (en gros, on a une image fixe qui bouge pour donner l’illusion du mouvement), mais il faut se rendre compte de la limite des techniques (et du budget) de l’époque), et on notera même de très belles réalisations, comme l’orage de l’épisode 13 (n’hésitez pas à y jeter un oeil par curiosité, on en fait plus des comme ça). Concernant les dessins en eux-mêmes, c’est assez propre (même si on constate un certain nombre de têtes bizarres) et on m’ôtera pas l’idée que les plans qui impliquent des vaisseaux spatiaux sont magnifiques. Donc oui, ça va brûler les yeux au début, mais hé, on s’habitue vite, et peut être qu’avec un peu d’entrainement, vous pourrez apprécier le charme rétro de cette animation traditionnelle.
9. Version Française vs Version Originale
Contrairement à d’autres animes, jugés trop violents et remaniés jusqu’au risible, la VF respecte plus ou moins bien l’aspect mélancolique de la série. Mais fatalement, de la musique type “disco des années 80” ça finit par contraster énormément avec les événements (plutôt tristes) relatés. Côté censure, nous ne sommes pas épargnés. Rien de très important n’est passé sous silence, mais c’est parfois très visible. Bien sûr, il nous faut mentionner les changements de nom des personnages (comme Yuki Kei qui devient Nausicaa, comment, pourquoi, personne ne sait). Pour autant, la VF est loin d’être mauvaise, et possède quelques moments de gloire. Du côté de la VO, ça se corse. Il en existe deux bien différentes :
– la VOSTFR officielle, qui est, de façon totalement incompréhensible, toujours censurée. Et une vaste blague, puisque les sous-titres suivent plus le texte de la VF que les dialogues japonais d’origine. Mais au moins a-t-on récupéré la musique qui colle à l’ambiance, et les noms originaux des personnages.
– la VOSTFR officieuse, non-censurée, avec des dialogues plus fidèles : il n’en existe qu’une seule à ma connaissance.
Alors, oui, il s’agit ici plutôt d’un point négatif, parce que la VO non-censurée est difficile à trouver et inaccessible par des moyens légaux. Pour autant, je ne vous déconseille pas la VOSTFR officielle (ni la VF, dans l’absolu).
10. Retour vers le futur
Rétrospectivement, je pense que je puis dire que cet anime est celui qui m’a le plus marqué. Je le traîne depuis un petit moment, maintenant (la première fois que je l’ai vu, c’était en 2002 ; à l’époque on regardait des VHS, les plus jeunes d’entre vous n’ont pas connu). Ma perspective et ma vision changeant en grandissant, je me suis surprise à découvrir un anime bien plus profond et sombre qu’il n’y paraissait au premier abord, et un héros qui n’était finalement pas si blanc que ça (et même pas du tout, d’ailleurs). Je vais probablement me répéter, mais Harlock est vraiment un personnage très marquant, qui n’aura pour moi jamais d’équivalent. Et d’ailleurs, je ne suis pas la seule personne que le capitaine pirate a marqué ; parce que sincèrement, qui n’a jamais entendu le nom d’Albator ? (c’est le nom français d’Harlock, pour ceux qui se posent encore la question), l’on parle d’ailleurs de “génération Albator”. Rarement un personnage ne se sera tant élevé au nom de mythe, marquant toute une génération de spectateurs (et même les suivantes), et on peut d’ores et déjà affirmer que le capitaine pirate continuera d’apparaître à la barre de son vaisseau, bien après la mort de son créateur…
Conclusion
Pour conclure, j’aimerais expliciter que malgré l’affection, l’admiration et le quasi-culte que je voue à cet anime, j’ai conscience qu’il est loin d’être parfait. J’espère malgré tout que vous parviendrez à surpasser ses petits défauts (et l’animation désuète) pour découvrir cette petite parcelle de l’immense, intrigant, mélancolique mais magnifique univers de Leiji Matsumoto, et ce qui est probablement le personnage de fiction le plus intéressant jamais créé. Je vous remercie d’avoir lu jusqu’ici ; nous nous rencontrerons à nouveau parmi les étoiles !
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