5 Bonnes Raisons de vous convaincre – 「Ginga Eiyuu Densetsu」par Yngvi

Ce programme a pour but de mettre en avant le titre préféré des membres de la communauté de Manga-Fan, en 10 points soigneusement développés (5 pour les exceptions).

 

1. Intrigue: Guerre et Paix à la sauce galactique.

Commençons par planter le décor.
En l’an 3596, la Voie Lactée est partagée entre deux superpuissances: l’Empire Galactique, un régime autocratique et aristocratique dirigé par un empereur, et l’Alliance des Planètes Libres, une démocratie. Il y a aussi le dominion de Fezzan entre les deux, techniquement un vassal de l’Empire, mais peu importe.
Les deux idéologies étant inconciliables et les hommes étant ce qu’ils sont, les deux puissances sont, au début de l’intrigue, en conflit permanent depuis 150 ans déjà.


L’histoire commence alors que dans chaque camp émerge un homme de guerre providentiel, deux individus destinés à changer le cours de l’histoire: Reinhard von Lohengramm, jeune génie charismatique déterminé à renverser la dynastie des Goldenbaum et à unifier la galaxie sous son autorité, et Yang Wen-Li, historien de formation, démocrate convaincu, génie de la tactique mais profondément pacifiste.
On est alors parti pour un space opéra homérique de 110 épisodes où se mêlent guerre, politique, intrigues et, tout de même, un brin de vie quotidienne. Et moult autres choses au passage.

Mais ne vous y méprenez pas; il ne s’agit pas ici d’un récit convenu de conflit manichéen entre le camp du bien et celui du mal, où l’on suit les exploits de quelques glorieux héros jusqu’à un dénouement final épique mais aussi prévisible qu’un retard de la SNCF.
Non, ici, on est face à une fresque épique beaucoup moins prévisible qu’il n’y paraît de prime abord, narrée avec beaucoup d’intelligence et une intrigue solide, soutenue par la plus grande force de l’anime, sa pléthore de personnages complexes, travaillés et hauts en couleur. Mais j’y reviendrai.

110 épisodes, ça paraît beaucoup (et ça l’est). Mais finalement pas tant que ça, eu égard à l’ampleur du chantier: adapter une histoire aussi longue et complexe en anime n’est pas chose facile, même avec autant d’épisodes, et y parvenir sans faire trop de concessions scénaristiques (particulièrement au niveau du background) encore plus. Et pourtant, que dire du résultat !
De bout en bout, l’intrigue est passionnante et la hype monte crescendo au fur et à mesure que l’histoire progresse.
La narration est efficace, ni trop rapide ni trop lente. Elle prend aussi une forme intéressante: généralement, un épisode est dédié exclusivement à l’une des deux factions, et le suivant traite de la faction laissée de côté à l’épisode précédent. On a donc une alternance marquée entre les deux camps, histoire de varier les ambiances et problématiques, même si cette règle n’est pas absolue.
On pourrait alors se dire qu’il est difficile de se situer dans le temps et l’espace, mais il n’en est rien, grâce à un script aux petits oignons qui réussit au passage l’exploit de rendre passionnante une série constituée à 95% de dialogues.
D’où cette réputation d’anime trop sérieux et au style austère, cependant. Soit. C’est compréhensible, mais en même temps fallait pas s’attendre à du cute girls doing cute things, naméoh.

 

2. Politique: Pillule rouge ou pillule bleue ?

LotGH a aussi la réputation d’être un anime élitiste et prétentieux rempli de blabla politique n’intéressant pas grand monde si ce n’est des nerds pas drôles.
Je vous le dis sans détour: si vous êtes allergiques aux discussions sur la société et ne supportez pas tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la politique, vous risquez de rapidement laisser tomber.
Il est vrai que la politique est omniprésente dans l’anime: l’opposition idéologique entre l’Empire et l’Alliance est à la base de toute l’histoire et revient tout au long de l’intrigue. Et comme dit précédemment, l’anime est constitué à 95% de dialogues.
Cela dit il ne faut pas prendre peur pour autant: c’est un anime, pas un ouvrage de philosophie politique; c’est tout à fait compréhensible pour un spectateur lambda, et c’est très intéressant, et plaisant, pour peu qu’on ait un minimum d’intérêt pour tout ça. Je le répète, les scénaristes étaient au taquet et ont pondu des lignes de dialogues garanties or 14 carats, de sorte que les dialogues ne sont pas ennuyeux, mais bien plutôt passionnants.

De plus, la série est exempte de tout parti pris, et les qualités et défauts de chaque système sont présentés en long, large et travers tout au long de la série: au spectateur donc de se forger sa propre opinion et, s’il le souhaite, de choisir son camp.
On ne se contente pas ici de rappeler artificiellement que tout n’est jamais blanc ou noir, comme ce pourrait être le cas dans beaucoup d’anime: il s’agit plus de livrer une réflexion d’ensemble sur toute l’histoire de l’humanité, et sur nos sociétés. Le message principal de l’anime étant que quelle que soit l’époque, les hommes resteront les mêmes, et en proie à un déterminisme historique inéluctable.
A cet égard on notera une fois encore l’ingéniosité de l’oeuvre: cette réflexion, elle est portée non seulement par le scénario en lui-même, mais aussi par des biais plus subtils, notamment via les personnages et leurs convictions personnelles. Par exemple, Yang Wen-Li l’idéaliste, Rubinsky l’opportuniste comploteur ou Oberstein qu’on croirait tout droit sorti du Prince de Machiavel. Y’en a pour tous les goûts.

On est confronté aux idéaux et aspirations de chaque personnage tout au long de l’intrigue, d’où une surabondance de dialogues centrés autour de ça et de scènes d’exposition. Alors oui, on ne peut pas dire que la série soit action-packed, avec un rythme haletant et des scènes d’action à n’en plus finir. En réalité, il y a très peu de scènes d’action à proprement parler.
Mais ce n’est de toute manière pas pour cela que l’on regarde la série: l’intérêt réside dans l’intrigue et les personnages.

 

3. Personnages: Un casting pléthorique et travaillé.

Et justement, parlons-en des personnages. Ils sont de mon point de vue la plus grande force de la série; et indubitablement une des choses qui démarquent clairement LotGH des autres animes.
Dire qu’ils sont nombreux est un doux euphémisme; même en ne gardant que les personnages les plus récurrents, on en compte facilement une trentaine. Et au total, plusieurs centaines de personnages ayant leur importance à un moment ou un autre.
(notons d’ailleurs pour l’anecdote que la série a le record absolu du nombre de doubleurs pour un anime, avec plus de 300 seiyuus)

D’un côté comme de l’autre (EG/APL), on a une galerie de personnages hauts en couleurs et, surtout, travaillés. Je veux dire par là qu’au-delà du fait d’avoir une personnalité bien distincte et quelque chose qui les démarquent des autres, ils ont tous droit à du background, à de l’exposition qui permette au spectateur de s’impliquer émotionnellement vis-à-vis d’eux et de les situer dans le contexte global de l’histoire. Bien sûr, cela reste modeste pour la majorité des personnages (et pourtant souvent mieux que ce que l’on voit dans la plupart des anime, pourtant au casting bien plus restreint…), et ce sont les personnages principaux qui, de loin, reçoivent le plus de background/exposition. Mais quand on voit la quantité de personnages à traiter, c’est assez compréhensible. La série inflige un technical KO de titan à 99% des animes niveau traitement des personnages. Balayette + coup à la gorge.

Avec tout ça, on se découvre très vite des préférences. Et c’est parti pour une centaine d’épisodes à se demander si le clampin que tu aimes bien va mourir, ENJOY.
Plus sérieusement, le casting est franchement fantastique et il y en a pour tous les goûts. Yang Wen-Li et son “fils adoptif” Julian, Reinhard et Kircheis, Oberstein,… On est introduit dès le début à une foultitude de personnages résolument top tier sur lesquels je pourrais disserter durant des heures tant il y a de choses à dire. Chose que je ne vais pas faire, pour ne pas vous endormir et aussi parce que ça gâcherait le plaisir de la découverte. Je vais simplement m’attarder sur les deux héros, Reinhard et Yang.

Les deux personnages ne se rencontrent physiquement qu’une seule fois au cours de la série, mais leur rivalité empreinte d’un profond respect mutuel et leurs affrontements répétés  sur le champ de bataille donnent lieu à un face à face passionnant qui porte la série de bout en bout.
Ils sont aussi aux antipodes l’un de l’autre, tant physiquement que dans leur manière de penser et voir le monde. On a d’un côté Yang le trentenaire un peu trop porté sur la boisson et les yeux constamments tournés vers le passé, et de l’autre Reinhard, jeune et ambitieux, déterminé à faire sien le futur.
Ils sont totalement différents et antagonistes mais il est pourtant fort rare de voir des fans de la série rejeter l’un des deux au profit de l’autre. Evidemment les discussions de fans finissent systématiquement en pugilats où chacun défend son camp favori (un peu comme les affrontements entre fans de Gundam), mais les personnages sont tellement tous travaillés et charismatiques qu’il est difficile de ne pas s’attacher à chacun.

 

4. Ambiance: On est patricien ou on ne l’est pas.

S’il est bien une chose que l’on remarque très vite en visionnant la série, c’est son ambiance très particulière pour un anime. Le ton est beaucoup plus mature que la moyenne, et tout “l’emballage” est dans la même veine: chara design très sobre et réaliste, bande-son exclusivement constituée de musique classique, rythme lent et mise en scène théâtrale.
La musique en particulier est une des caractéristiques les plus marquantes de l’anime. C’est assez paradoxal puisqu’il s’agit uniquement de musique classique, bref du libre de droit pratique quand on a la flemme de composer une OST, diront les mauvaises langues. Mais en fait ça tombe sous le sens: un anime pareil ne peut pas avoir autre chose que de la musique classique, il n’y a que ça pour transcrire en musique le caractère épique et… “galactique” de l’oeuvre. Quoi de mieux que du Mahler et du Mozart pour un space opera qui se veut grandiose ?
C’est ptêt bien de la triche, mais ça a de la gueule.
D’autant qu’il ne s’agit pas de placarder un peu au pif des morceaux orchestraux bien pompeux du début à la fin. Les morceaux sont choisis judicieusement, et on a carrément une “identité musicale” pour chaque camp: l’Empire est souvent associé à Mahler, l’Alliance à Mozart, etc. C’est subtil et vraiment bien pensé.

Assurément, ça ne plaira pas à tout le monde. Et ça a forcément l’air très désuet comparé aux animes actuels, avec leurs couleurs flashy, leurs OSTs modernes qui se ressemblent toutes et leur rythme soutenu.
Pourtant, si graphiquement les premiers épisodes de l’anime ont pris un sacré coup de vieux, l’ambiance est, elle, intemporelle et vraiment incroyable pour peu que l’on accroche aux ambiances plus posées et “intellectuelles”.
En plus, passé la première saison il y a une amélioration constante de l’animation jusqu’à la fin de la série (dont la diffusion s’est étalée sur… 10 ans, ce qui explique aussi la qualité croissante de l’animation).
En somme, ce n’est pas une série devant laquelle on peut retirer son cerveau l’espace d’un épisode pour se divertir, mais plutôt une série que l’on savoure au coin du feu, avec une bonne tasse de thé et dans l’objectif de s’offrir un moment de calme et de volupté, en bon patricien. Vous voyez le genre ?
(en vrai le canapé du salon et un verre de thé glacé discount suffisent, c’était pour l’image)

 

5. Une oeuvre à part.

Ginga Eiyuu Densetsu, c’est un anime vraiment à part. Cultissime, encensé par tous pour son incroyable qualité, mais pas pour autant un “classique”, la faute à une popularité toute relative étant donné le peu de personnes l’ayant regardé. De fait, il souffre énormément de son étiquette d’oeuvre élitiste et monolithique le réservant, aux yeux de beaucoup, à une caste de hipsters méprisants passant leur temps à conspuer les lambdas.
Et pourtant c’est une perle rare de l’animation japonaise, une de ces séries qui lui ont donné ses lettres de noblesse en montrant qu’on pouvait aller bien plus loin qu’un simple divertissement pour adolescents et offrir de vraies œuvres ambitieuses. Encore aujourd’hui, aucun anime n’arrive à la cheville de la série niveau intrigue et narration.
Ginga Eiyuu Densetsu, c’est par bien des aspects un équivalent japonais du roman Guerre et Paix de Tolstoï.
On peut lister de nombreuses similarités, mais de manière évidente, les thèmes abordés sont les mêmes et les proportions aussi. Lorsqu’un réalisateur soviétique a décidé d’adapter le fameux roman en film, on s’est retrouvé avec une oeuvre monumentale de plus de 7 heures, paraît-il somptueuse. Eh bien, là c’est pareil, mais en anime et avec un roman japonais comme matériau d’origine.
Je pourrais partir dans un panégyrique sans fin sur cette série mais ça n’a pas grand intérêt, un anime pareil soit on l’adore soit on le déteste.
Si ces quelques points ont éveillé de l’intérêt en vous mais que des craintes subsistent ou que vous vous sentez une flemme incroyable de vous taper une série aussi longue, je ne puis que vous conseiller, tout de même, de regarder la série Ginga Eiyuu Densetsu: Die Neue These.
C’est une série de 12 épisodes qui sort en ce moment même, pas exactement un remake mais c’est tout comme. Un excellent moyen de découvrir l’univers pour voir si l’on accroche, d’autant que c’est un bon anime et qu’ils sont restés fidèles à l’esprit de la série OAV. Si vous accrochez vous n’aurez plus qu’à foncer regarder les OAVs pour voir la suite (en mieux) et vous régaler.


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